Dans le contexte de taux d’usure faible, qui peut inciter les banques à moins prêter, certaines n’acceptent plus les dossiers amenés par les courtiers, ou les limitent. D’autres continuent toutefois de voir le crédit comme un vecteur de conquête de clients.

Les banques acceptent-elles toujours, en ce moment, les dossiers d’emprunt amenés par les courtiers ? Ou favorisent-elles plus que d’ordinaire les candidats se présentant directement ? Ne comptez pas sur elles pour répondre : elles ne souhaitent, pour l’essentiel, pas officialiser leur politique en la matière.

La Société générale est la seule à avoir confirmé publiquement ne plus accepter, « temporairement », les dossiers des courtiers, insistant toutefois sur le fait qu’elle « continue à accorder des crédits à [ses] clients et à ceux qui se présentent directement ». Cette banque n’est toutefois pas un acteur majeur du marché des crédits à l’habitat : selon les derniers chiffres de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), elle représentait moins de 9 % des parts de marché, en 2020.

Mais les courtiers rapportent des pratiques proches chez quelques autres prêteurs. Ce que nous ont confirmé deux réseaux. « Un nouveau client amené par un courtier aura actuellement moins de chances qu’un de nos clients se présentant en direct, ou même qu’un prospect venant lui-même à nous », résume par exemple un banquier. « Nous privilégions nos clients », rapporte-t-on au sein d’une autre banque.

Taux d’usure

Limiter le recours aux courtiers peut en effet s’avérer tentant actuellement pour certains établissements. D’abord parce que, dans un contexte de taux d’usure faible, tout élément venant peser sur le taux total du crédit restreint mécaniquement, le niveau du taux d’intérêt qu’il est possible d’appliquer, pour les dossiers touchant ce taux d’usure. Donc restreint la marge de la banque.

Le taux d’usure est, en effet, le taux maximal auquel une banque est autorisée à prêter. Les taux d’usure étant fixés, chaque trimestre, sur la base des taux pratiqués les trois mois précédents (la Banque de France fait la moyenne et la majore d’un tiers), ceux en vigueur actuellement (2,40 % depuis le 1er avril pour les prêts sur vingt ans ou plus) ne prennent pas encore en compte la hausse rapide des taux des crédits constatée surtout depuis la fin du premier trimestre 2022.

 

Source : Le Monde