Une passoire thermique vaut 10% moins cher qu’une maison performante
Le DPE (diagnostic de performance énergétique) est en passe de devenir incontournable pour tous ceux qui s’intéressent à l’immobilier, qu’ils soient professionnels ou particuliers. Suivant cette tendance, la start-up PriceHubble, spécialiste de l’estimation et de l’analyse du marché immobilier résidentiel, vient d’intégrer ce DPE dans son offre destinée aux banques et aux investisseurs institutionnels. Puisque ces professionnels sont exposés aux risques climatiques, il devient de plus en plus important pour eux de connaître les performances énergétiques des biens qu’ils possèdent ou financent afin d’anticiper les impacts sur la valeur actuelle et future de ces biens.
Les différences de loyer, c’est pour plus tard
Dans un premier temps, seul l’impact sur le prix de vente est mesuré, celui sur la location sera proposé ultérieurement. «La demande d’outils de ce type est très forte chez les professionnels, souligne Loeiz Bourdic, directeur de PriceHubble France. Nous ne leur proposons pas de prévisions mais un observatoire qui permet de suivre en temps réel les évolutions de prix entre les différentes classes énergétiques.»
Quant aux loyers, les différences réelles sont plus difficiles à évaluer pour l’instant à en croire PriceHubble qui s’appuie sur les données issues des petites annonces. Or ces dernières seraient actuellement beaucoup moins fiables pour les locations que pour les ventes, les propriétaires bailleurs ayant tendance à gonfler la note de leur logement pour attirer le maximum de candidats à la location. Mais cela ne devrait pas tarder à évoluer avec la «maturation du marché».
Pour prendre conscience de l’impact actuel du DPE sur les prix, PriceHubble a réalisé quelques simulations pour Le Figaro (voir ci-dessous) avec des logements, appartements et maisons, à Paris, en Île-de-France ou en régions, classés de B à G (les logements A concernent quasi exclusivement le neuf). On constate surtout une grande différence d’impact entre les appartements et les maisons. Dans le premier cas de figure, sur des marchés très chers, l’influence de la classe énergétique reste faible, ne dépassant pas 2,5% du prix.
En revanche sur les maisons, quels que soient les niveaux de prix, la décote d’une passoire thermique (classée G) par rapport à un logement économe (en B) se rapproche de 10%. «Sur les maisons, la différence de performance énergétique est déjà bien intégrée dans le prix alors que pour les appartements, dont la rénovation thermique est compliquée à mettre en œuvre dans les copropriétés, le signal prix n’existe pas encore», admet Loeiz Bourdic. Plus finement, et n’apparaissant pas dans ces simulations, le dirigeant de la start-up relève une autre tendance qui devrait s’affirmer à l’avenir: «Nous observons des différences géographiques qui semblent croissantes: avec des disparités bien plus fortes à Lille qu’à Montpellier.» Une chose est sûre entre interdiction d’augmenter les loyers puis interdiction de mise en location des passoires thermiques, l’impact financier du DPE sera appelé à progresser encore.